La Villa Noailles, fidèle au mécénat

"Arrêt sur objet" (verre), par la designer Julie Richoz.
Jean-Pierre Blanc, futur fondateur du Festival d'Hyères, né au milieu des années 1960, grandit à Hyères. La villa Noailles a alors déjà perdu de sa splendeur. Il est loin, le temps où s'invitaient Cocteau, Bunuel, Dali, Giacometti et autres compositeurs, décorateurs et architectes.
Les palmiers n'étaient pas malades et le gratin de l'aristocratie européenne séjournait dans cette ville d'eau médiévale. Tels les Noailles ou la romancière américaine Edith Wharton qui occupait les deux castels Sainte-Claire et Pierre Lisse, ce dernier étant devenu récemment maison d'hôtes. Quant à la villa des Noailles, rachetée par la municipalité en 1973, elle survit plutôt mal que bien, malgré son inscription à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1975.

A Hyères, vase enchanteur et bateau pliant

"Le Chant des quartz, de Laura Couto Rosado.
"Le Chant des quartz, de Laura Couto Rosado. | DYLAN PERRENOUD POUR COUTO ROSADO
La Villa Noailles, fidèle au mécénatL'affiche du 9e festival Design Parade de la Villa Noailles à Hyères (Var) offre une belle continuité à l'aventure entreprise dans les années 1920 par le couple de mécènes Charles et Marie-Laure de Noailles. C'est, en effet, autour de l'avant-garde, de la recherche et du soutien à la jeune création – qui a fait les heures de gloire de la « petite maison intéressante » construite en 1925 par l'architecte Robert Mallet Stevens pour le couple Noailles – que s'est placée cette nouvelle édition.
Elle réunit de très nombreuses propositions, parmi lesquelles celles des dix designers en compétition pour un concours richement doté. Une exposition est consacrée aux designers néerlandais Stefan Scholten et Carole Baijings, par ailleurs présidents du jury cette année ; une autre, au Français Mathieu Peyroulet-Ghilini, lauréat du grand prix de la Design Parade 2013. On peut également découvrir le nouvel atelier de prototypage pour la mode et le design, qui a pris place dans les ruines du château Saint-Pierre, à deux pas de la Villa.
ÉLÉGANT VASE EN VERRE TRANSPARENT
Côté compétition, ce sont trois Français qui ont été primés, en clôture du festival, dimanche 6 juillet. Leurs œuvres sont visibles jusqu'à la fin de l'été. Le Chant des quartz a obtenu le Grand Prix. Présentée par Laura Couto Rosado, diplômée de la Haute Ecole d'art et de design de Genève, en Suisse, et de l'Institut supérieur des arts de Toulouse, l'oeuvre est innovante.
Au premier abord, un élégant vase en verre...

Le design en quête de légèreté

Un maximum de services, avec  un minimum de matière, c'est l'idée-phare qui préside à la conception  du projet de dirigeable Manned Cloud abritant un hôtel de Jean-Marie Massaud.

En matière de design, si le XXIe siècle devait se résumer à un seul défi, ce serait incontestablement celui de la légèreté. Il suffit par exemple de se pencher sur la start-up Expliseat dont le siège en composite de carbone et titane s'attire les faveurs de compagnies aériennes du monde entier. "A l'heure où le kérosène équivaut à 40 % du prix d'un billet d'avion, nous avons imaginé des sièges pesant 4 kg contre 12-13 kg pour un modèle classique. Cela permet d'économiser 400 000 $ par avion de ligne et par an !", s'emballe Jean-Charles Samuelian, cofondateur, qui confirme la livraison des premiers sièges à Air Méditerranée dès juin.

Ce n'est pas un hasard si Air France a commandé à Jean-Marie Massaud, le chantre de la légèreté dans le design de mobilier, la réalisation de 50 pièces pourses services à bord, du chariot au seau à champagne. "Alléger, c'est le sens du progrès ; nous nous inscrivons dans une quête de réduction de matière au service d'une augmentation des compétences. Aujourd'hui, la légèreté n'est plus synonyme de précarité ou de fragilité, comme en témoignent les voiliers de l'America's Cup", tonne le designer qui, à ses débuts, dessina O'Azard, une chaise en plastique évidée (Magis) et Manned Cloud, un concept d'hôtel logé dans un dirigeable. "Notre société est en surconsommation de matière. A l'avenir, nous allons devoir partager des ressources de moins en moins nombreuses avec un nombre croissant d'êtres humains", justifie-t-il.
Un maximum de services, avec  un minimum de matière, c'est l'idée-phare qui préside à la conception  du téléphone ePure de Swissvoice.
"LESS IS MORE"
Le designer français travaille, comme d'autres spécialistes, sur la légèreté en tant que système global, de l'emballage à plat (Ikea) au poids des composants, en passant par un processus de réalisation simplifié impliquant des structures moins lourdes. C'est ce dernier axe qui passionne le designer anglais Benjamin Hubert."Utiliser moins de matériaux pour obtenir le même confort. Je garde constamment à l'esprit cette problématique : quel impact as-tu sur le monde qui t'entoure ? Cela a nécessité de nombreuses recherches techniques", détaille ce jeune trentenaire qui a dessiné, pour l'éditeur canadien Corelam, Ripple, la table en bois la plus légère du monde (2,5 mètres de long et 1 mètre de large pour un poids total de 9 petits kilos).
Cette quête aujourd'hui poussée à son paroxysme a mûri tout au long du XXe siècle. Le passage du bois au tube de métal effectué par Charlotte Perriand (1903-1999) a permis au mobilier moderniste de gagner en poids et en résistance. De même, le héraut du Bauhaus Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969) en a tiré son célèbre précepte "Less is more". Mais la plus belle réussite dans ce domaine remonte au début des années 1950 : l'architecte et designer milanais Gio Ponti (1891-1979) réussit à développer une chaise fonctionnelle, résistante et esthétique pesant moins de 2 kg. Aujourd'hui encore, la Superleggera (Cassina) demeure une référence.
Un maximum de services, avec  un minimum de matière, c'est l'idée-phare qui préside à la conception de la table Ripple de Benjamin Hubert.
En France, c'est Marc Berthier qui a fait de la légèreté son credo depuis plus de quarante ans. "Economiser de la matière et de l'énergie par l'intelligence, c'est le défi de notre époque, justifie-t-il. Pour cela, je m'inspire des planeurs, du parachutisme ou des cerfs-volants. Et je cherche à procurer un maximum de services avec un minimum de matière", soutient celui qui a baptisé son agence EliumStudio. Pour lui, légèreté rime avec miniaturisation, liberté, mobilité, modernité, écologie... Des valeurs qui se traduisent par les sièges Elisa (Knoll) et Captain Hook (Lexon), mais aussi le téléphone ePure (Swissvoice) évidé, épuré et stylisé.
"Il y aura l'âge des choses légères", prédisait en 2003 le designer Thierry Kazazian dans son ouvrage du même nom (éd. Victoires). Cette révolution est aujourd'hui rendue possible par des matériaux nouveaux tirés des dernières avancées technologiques. Les objets contemporains utilisent de plus en plus de ces nouvelles fibres tissées qui allègent sans céder sur la résistance. Dans cette catégorie, comment ne pas citer le Femur stool d'Assa Ashuach, présenté l'an dernier au London Design Festival. Ce tabouret a été élaboré en utilisant un algorithme informatique qui reproduit la forme et la résistance d'un fémur humain avant d'être imprimé grâce à la technique du frittage sélectif par laser.
Le tabouret Femur Stool de l'Assa Ashuach studio compte parmi ces objets épurés dont la réalisation a été rendue possible  grâce à des matériaux  innovants, notamment de nouvelles fibres tissées.
"Hélas, souvent, travailler sur l'allégement du poids dans le mobilier coûte cher car nous sommes encore en phase de recherche. Il faut donc trouver des modèles économiques qui fonctionnent et qui s'appliquent déjà sur des marchés spécifiques comme le yachting, l'aérien ou l'automobile. Cela se révèle crucial pour les véhicules électriques qui peuvent gagner là en autonomie. S'appuyer sur d'autres univers permet en plus de faire émerger de nouveaux modèles en design", conclut Jean-Marie Massaud, qui vient de dessiner le concept-car ME.WE (Toyota) dont la carrosserie ne pèse que... 14 kg.

Ces objets qui prennent du champ

Hamac à rouler en cuir et rivets plaqués or, du studio suisse Atelier Oï pour Louis Vuitton.

Est-ce l'effet Orient-Express, ce train de légende exposé jusqu'au 31 août, sur le parvis de l'Institut du monde arabe (IMA), à Paris ? Ou le retour de la montgolfière, promise dès 2016 à des voyages dans les airs ? Un vent de nomadisme chic souffle sur les objets de la saison, des couvertures roulées dans des lacets de cuir jusqu'à la nouvelle Lanterne d'Hermès, inspirée au plasticien Yann Kersalé par les phares marins et les feux de calèche.
Avec le bureau de voyage en érable et cuir, aux lignes graciles, signé du décorateur Christian Liaigre, la lampe en verre sablé de Venise sanglée de cuir pour être déplacée et fonctionnant à l'énergie solaire, des Britanniques Edward Barber et Jay Osgerby, ou le cabinet de voyage, à suspendre dans les arbres, des frères Campana, on se rêve déjà en Alexandra David-Neel, la seule étrangère entrée dans Lhassa, au Tibet, en 1924, après huit mois de périple… Quoique le luxe déployé évoque plutôt l'univers de Karen Blixen, la baronne auteure de La Ferme africaine (1937).
LA MALLE DE PIERRE SAVORGNAN DE BRAZZA
Tous ces accessoires portatifs, appartenant à la collection « Objets nomades » de Louis Vuitton – présentée à Milan en 2013 –, cultivent des matériaux d'excellence et des designers de renom. L'idée est née, chez Louis Vuitton, avec la « malle Brazza » : une malle-lit pliant au matelas fatigué, qu'on imagine encore, pour l'avoir vue dans un musée, saupoudrée du sable du désert. Elle a appartenu à l'explorateur Pierre Savorgnan de Brazza, et est devenue l'un des objets cul...

Recycler, replanter, partager

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Photographie Ma Récréation
Je vais encore faire la promotion d’Instagram. Vous allez finir par croire que je suis payée pour le faire (I wish…). Comme je vous le disais hier, lorsque nous étions à Kyoto, nous sommes passés à la maison du thé Kodo Kan où se déroulait l’une des expositions du festival Kyotographie. Plusieurs photographes sélectionnés par M, le magazine du Monde y présentaient leur travail. Et tout au fond de la pièce, j’ai aperçu une drôle de lampe qui a capté toute mon attention. Une suspension en verre dont l’ampoule éclairait un jardin minuscule. Vivant. Eclatant de beauté. J’ai tout de suite demandé si je pouvais le photographier. On m’a répondu que c’était interdit avec l’embarras qui caractérise un japonais obligé de dire non. Heureusement, il y avait quelques cartes de visite à côté de l’œuvre. Dès que j’ai pu, je suis allée voir le site internet replanter.com où le jeune créateur Aki Murase renvoie vers ses comptes Facebook et Instagram. Je me suis abonnée à ses photos et je lui ai fait la demande, en guise de commentaire, de le rencontrer le jour même (nous repartions le lendemain).
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Photographie Ma Récréation. Aki Murase en plein travail
 
Aki Murase est allé voir mon profil Instagram, a regardé mes photos, puis mon blog dont je donne l’adresse url. Il a compris que j’étais journaliste et la mention du M a agi comme un sésame. Il faut dire que notre directeur de création, Eric Pillault, maniaque du Japon, venait de passer dix jours à rencontrer tous les exposants du festival Kyotographie. L’artiste m’a proposé de me recevoir le soir même. Et nous sommes partis en famille à la recherche de son tout petit studio.
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Photographie Ma Récréation 
 
Première surprise à l’entrée : sa colocataire parle parfaitement bien le français. Quant à Aki, il maitrise l’anglais ce qui nous a permis d’échanger longuement dans son atelier. On tient à peine à trois dans son espace de travail qui ressemble à un cabinet de curiosités autant qu’à un laboratoire. On y trouve des vinyles de Bebel Gilberto, des outils de toutes sortes, des sphères de verre sur des étagères et des boutures de plantes sur le rebord de la fenêtre. Tout se recycle, rien ne se perd. D’ailleurs, sur son site, le créateur écrit en introduction : « Je veux interroger la société de consommation, mon travail propose une nouvelle méthode de recyclage qui réunit toutes sortes de plantes, de matériaux jetables et d’artéfacts. Ainsi « les objets vivants = Re :planter » proposent de nouvelles formes de vie à Kyoto  ».
 
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Photographie Ma Récréation 
 
Je lui ai demandé quelle était sa formation, s’il avait fait les Beaux-arts ou bien des études de jardinage. « Ni l’un, ni l’autre, je suis autodidacte  » m’a-t-il dit avec son petit chapeau qui lui faisait un visage d’enfant. Il nous a montré des tonnes de créations en cours, en nous expliquant comment prendre soin de ses jardins zen. Chaque lampe est d’ailleurs vendue avec un kit d’outils qu’il a mis au point, y compris une éponge avec un manche long et incurvé pour humidifier et nettoyer les parois de la sphère. Car il s’agit bien d’un objet vivant dont il va falloir prendre soin pour le faire grandir et durer le plus longtemps possible. Re:planter garantit une durée de vie d’un minimum de deux ans. Il m’a montré des images de personnes qui ont réussi à maintenir en vie des plantes pendant plus de 50 ans, à l’intérieur de systèmes équivalents à celui-ci.
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Photographie Ma Récréation
 
On a failli en acheter une. Mais c’était impossible à transporter en avion. Je ne rêve donc plus que d’une chose : qu’une marque ou qu’un concept-store l’invite à Paris pour faire des performances sous nos yeux avec des variétés locales. Come on, we need Re:planter in Paris !
 
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ESPRESSO LA CHAISE À CAFÉ PAR GIUSEPPE FORMICA

Espresso la chaise à café par Giuseppe Formica
Giuseppe Formica, jeune designer italien exilé au Danemark nous présente Espresso, une chaise à destination des bars et restaurants.
Une structure légère en hêtre stratifié permettant en un seul geste de la faire tenir en équilibre sur une petite table et permettre le nettoyage du sol. Réalisé en collaboration avec la marque Midform, sa finesse et facilité de montage / transport sont également très intéressantes.
Espresso la chaise à café par Giuseppe FormicaEspresso la chaise à café par Giuseppe FormicaEspresso la chaise à café par Giuseppe Formica
« Espresso is a chair for café, particularly addressed to waiters. Through a simple function, which ease the movement of putting the chair on the table for cleaning, the profile changes radically. The challenge is to have a structure which is light but strong enough, and this is possible thanks to the techniques of laminated beech veneer, that give an excellent resistance. The final surface treatment is soaping, to preserve a natural look.
Project realized in collaboration with Midform, danish furniture supplier and manufacturer.« 
Espresso la chaise à café par Giuseppe FormicaEspresso la chaise à café par Giuseppe FormicaEspresso la chaise à café par Giuseppe FormicaEspresso la chaise à café par Giuseppe FormicaEspresso la chaise à café par Giuseppe FormicaEspresso la chaise à café par Giuseppe FormicaEspresso la chaise à café par Giuseppe FormicaEspresso la chaise à café par Giuseppe FormicaEspresso la chaise à café par Giuseppe FormicaEspresso la chaise à café par Giuseppe Formica
Plus d’informations sur le designer : Giuseppe Formica